3 mai 2024

Seneinfo

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La guerre à Gaza a fait environ un million de déplacés en une semaine, selon l’ONU

SENEINFO (Dakar) Environ un million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza par la guerre ayant éclaté après l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, a indiqué dimanche l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Dans et sur des véhicules surchargés, à pied, ou même à dos d’âne, la fuite vers le sud a commencé. L’objectif est d’aller au-delà de la rivière Gaza, la ligne indiquée par l’armée israélienne. Israël a exhorté les habitants du nord du territoire palestinien assiégé – environ 1,1 million de personnes sur une population totale de 2,4 millions – à fuir vers le sud, affirmant frapper la ville de Gaza (nord) pour y détruire le centre des opérations du mouvement islamiste.

« Je vois autour de moi des voitures, chargées de couvertures et de valises, raconte Abu Mounir, habitant de Gaza, qui a profité d’un bref retour du réseau pour envoyer un message vocal à notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Les gens essayent de trouver refuge au centre de la bande de Gaza où je suis actuellement. Les écoles sont bondées, pleines de déplacés.  Les gens cherchent refuge où ils peuvent. Les maisons sont désormais habitées par des dizaines de personnes… C’est ça la vie des Palestiniens ! Le terrible destin que leur réserve leurs oppresseurs. »

« Des images qui rappellent la Nakba »

Depuis deux jours, le nombre de déplacés augmente significativement. C’est ce que rapporte l’agence humanitaire de l’ONU. Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, a estimé auprès de l’AFP qu’« un million de personnes ont été déplacées pendant les sept premiers jours de la guerre » entre le Hamas islamiste au pouvoir à Gaza et Israël. « Le chiffre va probablement monter puisque les gens continuent de quitter leurs maisons », a-t-elle ajouté.

Ce sont « des images qui rappellent la Nakba », le Gazaoui Abu Mounir. Cet exode forcé des Palestiniens, chassés de leurs terres en 1948 lors de la création de l’Etat hébreu. L’histoire se répète.

Certains habitants préfèrent rester chez eux pour mourir en dignité, disent-ils. La confusion est totale, explique notre envoyée spéciale à Ramallah, Alice Froussard. Iman, jeune Gazaoui, joint par téléphone, se dit abandonné. « Nous sommes seuls. Même si nous sommes 2 millions à vivre la même chose, nous avons l’impression d’être seuls. Nous sommes en train de mourir, nous ne pensons pas que nous allons survivre à ça… Parce qu’il n’y a rien qui peut nous laisser penser qu’il y a un espoir. Les survivants ont soif, faim… ne peuvent plus communiquer. »

Il n’y a plus d’électricité, bientôt plus de fioul pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux. Certains ont d’ailleurs été priés d’évacuer, malgré les malades, les blessés. « La guerre entre Israël et le Hamas, nous ne l’avons pas choisi, soupire Mohammad, travailleur de Gaza, bloqué à Ramallah. Ils se battent et s’entretuent. Mais les gens qui en paient le prix, ce sont encore une fois les civils. Nous, nous, sommes ici, mais nos enfants peuvent se faire tuer dans des raids. Imaginez-vous au moins de combien de personnes, on parle ? »

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a haussé le ton samedi et a dit que les ordres d’évacuation d’Israël des hôpitaux du nord de Gaza équivalent à une condamnation à mort pour les malades et les blessés. Plus de 2 450 personnes sont mortes dans la bande de Gaza dans des frappes israéliennes, selon les autorités locales, dont plus de 700 enfants. Au moins 47 familles ont été complètement rayées de l’état civil. Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’attaque des commandos du Hamas, durant laquelle 126 personnes ont également été capturées, selon les derniers chiffres fournis par des responsables israéliens.

Le passage de Rafah toujours bloqué

Mais où pourront aller ensuite ceux qui cherchent à fuir ? Dans le sud de Gaza, le passage de Rafah reliant Gaza à l’Égypte est toujours fermé. Samedi, certains médias évoquaient un accord pour laisser passer les détenteurs de passeports étrangers, dont les Américains, mais rien n’est encore fait en réalité pour l’ensemble des civils de Gaza.

Plusieurs sources officielles ont confié au média indépendant égyptien Mada Masr que des négociations complexes étaient en cours entre l’Égypte/Israël et des pays occidentaux pour ouvrir le passage. Mais que le Caire avait des conditions dont l’une d’entre elles est de laisser entrer l’aide humanitaire qui stationne actuellement à l’aéroport égyptien El-Arich.

Le Caire demanderait également des compensations financières pour absorber le choc d’une fuite massive des civils en cas d’invasion de Gaza. Des renforts de l’armée ont déjà été dépêchés et les services médicaux, ambulances et hôpitaux, ont été placés en état d’alerte, précise notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. L’Égypte craint, en effet, que sous la pression du blocus, des pénuries, des bombardements et d’une éventuelle offensive terrestre, des dizaines sinon des centaines de milliers de Palestiniens désespérés ne traversent la frontière de force. Cette région du nord-est du Sinaï est totalement désertique et il sera très difficile d’y accueillir autant de réfugiés.

RFI