26 avril 2024

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Santé – Maladie transmissible : Nouvelle vague de lèpre

Santé – Maladie transmissible : Nouvelle vague de lèpre

Malgré tous les efforts des pouvoirs publics, la lèpre existe encore au Sénégal. Néanmoins, tout ce qu’il faut pour combattre cette maladie existe sur place.

Par Justin GOMIS – Malgré l’élimination de la lèpre au Sénégal, cette maladie existe encore sous nos cieux. D’après le Dr Louis Hyacinthe Bizoubi, médecin épidémiologiste, le Sénégal compte aujourd’hui 154 cas de lèpre. «Sans avoir consolidé ces données avec celles du 4e trimestre de 2022, nous sommes à 154 nouveaux cas de lèpre au Sénégal», a révélé le coordonnateur du Programme national d’élimination de la lèpre au ministère de la Santé et de l’action sociale, hier lors de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la lèpre. Et les régions les plus touchées sont Dakar, Diourbel, Kaolack et Thiès, avec plus de 20 cas chacune.

Pour la région de Dakar, qui compte plus de cas de lèpre, c’est lié à la présence du Centre hospitalier de l’Ordre de Malte qui est un hôpital de référence dans la prise en charge de la lèpre. Et parmi les cas notés à Dakar, certains viennent de la banlieue (Guédiawaye, Pikine et Yeumbeul).

Mais, selon lui, la situation est toujours stable en 2023. «C’est en 2016 qu’on a eu  des pics par rapport aux nouveaux cas enregistrés depuis l’élimination de la lèpre en 1995», a-t-il précisé. A l’en croire, ils œuvrent toujours dans la lutte contre cette maladie en mettant en place plusieurs stratégies avec les partenaires qui les accompagnent, comme la Dahw, la Fondation Raoul Follereau, l’université de Thiès, qui les aident sur des sujets de recherches, et l’Association des malades affectés par la lèpre.

«Une étude a été menée sur le dépistage actif associé à la chimio prophylaxie postposition pour les cas-contacts en ciblant les villages de reclassement qui étaient d’anciens foyers», a fait savoir le Dr Bizoubi. D’ailleurs, c’est ce qui a permis de dépister de nouveaux cas. L’objectif, c’est de dépister précocement la maladie pour rompre la chaîne de contamination et réduire par la même occasion le nombre de mutilés. Car la lèpre est une maladie qu’on peut guérir, et sans séquelles si elle est diagnostiquée très tôt. D’après le directeur du Centre hospitalier de l’Ordre de Malte, «les méthodes utilisées pour soigner cette maladie sont la tri-thérapie, qui donne des résultats très satisfaisants, parce qu’au-delà de trois ou quatre jours, le patient n’est plus contagieux. Les soins sont longs, au moins 6 mois pour les cas les plus sévères. Ce qui nous impose d’hospitaliser les patients dans la durée».

Mais il est même possible de prévenir cette maladie. «Pour la prévention de la lèpre, il faut d’abord respecter les mesures d’hygiène générale, respecter le calendrier vaccinal du Sénégal. Dans le Pev, il y a le Bcg, qui est un ancien vaccin dont on a trouvé des propriétés protectrices contre la lèpre, parce qu’il y a une similitude antigénique entre les micro-bactéries qui donnent la lèpre et les micro-bactéries qui donnent la tuberculose», a expliqué Pr Madoki Maguette Diop.

Pour lutter efficacement contre cette maladie tropicale négligée, le gouvernement compte, à partir de cette année, mettre en pratique la feuille de route élaborée par l’Organisation mondiale de la santé pour les pays endémiques et qui leur demande d’avoir zéro cas autochtone de lèpre et zéro mutilation d’ici 2030. Dans la même logique, le Pr Madoki Diop pense que pour cette maladie méconnue, il y a lieu de rappeler que c’est une pathologie qui existe et qui a beaucoup de subtilités. Car «c’est cette méconnaissance qui joue un grand rôle en partie dans le dépistage tardif», a-t-il conclu.

Pour rappel, le Sénégal compte neuf villages de reclassement que sont Diambo, Mbali et Toubabikou, Teubi et Djibelor, Médina Chérif, Fadiga, Souane et Koutal.

LE QUOTIDIEN