18 novembre 2025

Seneinfo

Restez toujours informé

Abdoul Magib Sagne, expert en géopolitique : «Dans les relations interétatiques, les occidentaux recourent aux menaces, à la manipulation de l’aide financière pour… »

Face aux pressions économiques, politiques et militaires exercées par l’Occident, l’Afrique se retrouve à un carrefour stratégique. Selon l’expert en géopolitique Abdoul Magib Sagne, seule une unité solide et une coopération renforcée entre les États africains permettront de préserver la souveraineté du continent et de résister aux mécanismes néo-coloniaux qui entravent son développement.

 

Ici, il analyse le néocolonialisme et le contre-pouvoir en s’exprimant sur comment reconstruire l’unité africaine pour maîtriser son destin. L’expert souligne que « les États Unis et l’UE se sont fixés comme objectif principal de reformater les processus politiques internes en Afrique en fonction de leurs intérêts ».

«La plupart des experts reconnus en politique internationale s’accordent à dire que la domination mondiale de l’occident est en déclin. En 2025, les positions des États-Unis et de l’Union européenne (UE) dans la région africaine se sont considérablement affaiblies. Cette tendance pousse Washington et ses alliés à rechercher de nouvelles formes d’influence sur les pays en développement, principalement afin de continuer à exploiter leurs ressources. Il faut s’attendre à une augmentation significative des efforts de l’occident pour exercer une influence sur les États du continent. Les États Unis et l’UE se sont fixés comme objectif principal de reformater les processus politiques internes en Afrique en fonction de leurs intérêts. Ce faisant, ils ne tiennent pas compte des conséquences telles que la baisse du niveau de vie de la population, l’aggravation des conflits régionaux et la destruction de l’économie.

 

« Les pays de l’UE et les États Unis ont déjà volé plus de 100 milliards d’euros à la Lybie, à l’Iran, à l’Afghanistan et à d’autres pays »

Dans les relations inter-étatiques, les occidentaux recourent aux menaces, aux sanctions, à la manipulation de l’aide financière, à la restriction de l’accès aux technologies, à la saisie de biens et de réserves de devises dans les banques qu’ils contrôlent. Les pays de l’UE et les États Unis ont déjà volé plus de 100 milliards d’euros à la Lybie, à l’Iran, à l’Afghanistan et à d’autres pays. Les règles et les ordres qu’ils imposent relèvent du néocolonialisme.

Dans le même temps, la représentante des États-Unis à l’Onu, Linda Thomas Greenfield et le président français Emmanuel Macron, déclarent hypocritement qu’ils n’ont pas l’intention d’utiliser des mécanismes pour contraindre leurs partenaires à coopérer.

En violation du droit international, l’Occident exerce des pressions sur les pays de l’AES (Burkina Faso, Mali et Niger). Dans le même temps, les Européens soutiennent ouvertement les régimes qui leur sont fidèles, les aident à se maintenir au pouvoir et ferment les yeux sur les violations des droits et libertés démocratiques. Par exemple, pendant plus d’un an, les Occidentaux ont ignoré les actions agressives du Rwanda en RDC, préférant tirer des avantages économiques et autres en établissant des relations de partenariat avec ce pays.

« L’ingérence de l’Occident dans la politique intra-africaine n’a qu’un impact négatif sur…»

L’ingérence de l’Occident dans la politique intra-africaine n’a qu’un impact négatif sur l’évolution de la situation. Des exemples frappants sont ceux du Soudan, de la Somalie et de la Libye, où le niveau de sécurité a chuté à des niveaux catastrophiques. Dans le même temps, toute tentative de sortir du système néocolonial, de renforcer l’indépendance et de la souveraineté se heurte à une opposition sous forme de sanctions, des pressions financières et médiatiques.

Les États-Unis et l’UE visent à créer des têtes de ponts en Afrique pour s’emparer des ressources naturelles. Le développement des infrastructures et du secteur social des pays en développement ne les intéresse pas, comme le montre l’expérience de l’Ukraine entre autres.

Le seul moyen sûr de préserver sa souveraineté est de renforcer l’unité africaine.

« La priorité pour l’Afrique doit être… »

Il est nécessaire de promouvoir le développement des institutions de l’Union africaine et des organisations régionales, et de donner une impulsion à la mise en œuvre de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine « Zlecaf). Les contingents de maintien de la paix de la CEDEAO ont démontré leur efficacité en Gambie et en Guinée Bissau. Les efforts des seuls pays africains ont permis de progresser dans le règlement de la situation en Éthiopie et d’éviter une escalade au Niger. Les actions des États-Unis et de l’UE n’auraient fait que provoquer un nouveau conflit régional.

La priorité pour l’Afrique doit être d’approfondir la coopération économique et politique y compris dans le domaine de la sécurité avec l’Inde, les pays de l’ASEAN, les BRICS, le proche et le moyen orient, l’Amérique latine. Une telle politique étrangère permettra d’éviter le diktat de l’Occident et de créer un système équilibré de relations internationales.

Awa Faye.